Vernouillet asphyxiée : l’incendie d’INOE ravive les alertes sanitaires des habitants
- RSNE
- 2 avr.
- 3 min de lecture
Le ciel de Vernouillet s’est couvert d’un épais nuage de fumée blanche fin mars 2025. Pendant trois jours, les pompiers ont dû batailler sans relâche pour contenir un feu qui s’est déclaré sur le site d’INOE, une usine spécialisée dans le traitement des déchets de bois. Si le sinistre semble désormais maîtrisé, la colère, elle, ne faiblit pas.
Mais cette colère n’est pas née avec les flammes. Elle couve depuis des années, à bas bruit, dans les quartiers environnants. Car pour de nombreux riverains, cet épisode dramatique n’est que le dernier d’une longue série de nuisances qui empoisonnent leur quotidien.
Une usine installée au cœur d’un territoire habité
Depuis son installation en 2016 sur l’ancienne friche industrielle d’Eternit, INOE est loin de faire l’unanimité. Très vite, les habitants des communes voisines – notamment Vernouillet et Triel-sur-Seine – ont fait part de leur malaise face aux nuisances olfactives récurrentes et à l’omniprésence de poussières de bois qui s’infiltrent jusque dans les maisons.
En 2023, ces inquiétudes ont donné naissance au collectif Respire78, rassemblant plus de 75 familles décidées à faire entendre leur voix. Le message est clair : la plateforme biomasse ne respecte ni leur santé, ni leur environnement, ni les engagements qu’elle avait pris à son arrivée.
Un sinistre de trop
L’incendie du 28 mars 2025 a jeté une lumière crue sur une réalité que les habitants dénoncent depuis longtemps : l’implantation de cette usine est source de risques. Cette fois, ce sont des fumées tenaces, perceptibles sur un large périmètre, qui ont envahi l’air ambiant pendant plusieurs jours. Et avec elles, leur cortège de symptômes : maux de tête, quintes de toux, crises d’asthme.
Le collectif Respire78 parle de “goutte d’eau qui fait déborder le vase”. Car si les responsables de l’usine ont toujours promis de maîtriser les émissions et de garantir la sécurité du site, la réalité vécue sur le terrain par les familles est toute autre. À plusieurs reprises, des habitants ont alerté les autorités et même porté plainte. En vain, jusqu’ici.
La question qui dérange : que vaut la parole d’une entreprise face aux preuves du quotidien ?
Ce qui cristallise aujourd’hui l’exaspération des riverains, c’est le défaut de transparence et de responsabilité. Le site a-t-il jamais respecté les normes ? Pourquoi les promesses de réduction des nuisances n’ont-elles pas été tenues ? Pourquoi faut-il attendre une catastrophe pour que des mesures de suspension d’activité soient enfin prises ?
L’arrêté préfectoral imposant la suspension du traitement des déchets, l’évacuation du bois stocké, et une surveillance accrue du site est salué... mais arrive bien tard selon les habitants. Combien de mois ou d’années faudra-t-il encore supporter les particules dans l’air et les troubles respiratoires pour être enfin entendus ?
Et maintenant ?
L’affaire INOE soulève une question de fond : quelle place donne-t-on à la santé des riverains dans les décisions d’implantation industrielle ? Peut-on encore ignorer, en 2025, les conséquences environnementales de telles activités, au nom de la valorisation énergétique ?
Les habitants, eux, ont décidé de ne plus se taire. Le combat de Respire78 se poursuit, au nom du droit de vivre dans un environnement sain. Et face à des promesses envolées dans la fumée, une certitude s’impose : la vigilance citoyenne reste le meilleur rempart contre l’indifférence institutionnelle.





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