Pendant près d’un siècle, la plaine de Carrières-sous-Poissy fut irriguée par les eaux usées de la ville de Paris. Ces épandages ont permis une agriculture prospère, mais entraîné une pollution aux métaux lourds, parmi lesquels le plomb.
C’est suite à la découverte de cette pollution que le Préfet des Yvelines à décidé en 2000 d’interdire toute culture à destination alimentaire sur cette plaine.
Les années ont passées sans que de véritables solutions soient recherchées et l’accès aux informations sur ces pollutions est resté très difficile, sinon impossible.
Cela faisait donc près de 20 ans que ce vaste espace avait été abandonné à lui même, devenant un véritable No man’s land, rythmé par les occupations illégales et les dépôts sauvages de déchets.
Si beaucoup avaient entendu parler de ces pollutions, elles semblaient néanmoins très abstraites et les avis sur cette questions étaient et restent assez partagés.
Et puis, si les pouvoirs publics n’ont pas tiré la sonnette d’alarme, c’est qu’il ne doit pas y avoir de danger…
Pourtant, le 15 octobre 2018, l’agence scientifique et d’expertise Santé Publique France, publie un rapport d’une cinquantaine de pages en partenariat avec l’Agence Régionale de la Santé (ARS), dans lequel elle révèle, des taux de pollutions au plomb à Carrières-sous-Poissy, cinq fois supérieurs au taux d’alerte légal.
Carrières-sous-Poissy serait la plus touchée par cette pollution.
En conclusion de son rapport, l’agence scientifique estime que le facteur de risque le plus important est en premier lieu le comportement main-bouche défavorable des enfants sur site, puis le fait de vivre sur un sol particulièrement chargé en plomb. La pratique de l’autoconsommation de fruits et légumes entraînerait une augmentation moins importante du risque, mais doit néanmoins être évitée.
Santé Publique France préconise une incitation au dépistage du saturnisme infantile, ainsi que la mise en œuvre de mesures de réduction du risque sanitaire.
Pourtant, et malgré ce rapport inquiétant, les services de l’État ne semble pas disposés à lancer une campagne de dépistage du saturnisme, puisque dans un article du Parisien du 18 octobre, Marc Pulik, délégué départemental à l’ARS indiquait :
« Rien ne justifie un dépistage généralisé. Le risque sanitaire ne peut
pas être exclu, mais il faut une prise en charge individualisée et
ciblée des enfants. Les médecins y sont préparés. »
Cette déclaration aux allures de « circulez, y’a rien à voir » n’est pas acceptable, d’autant que le saturnisme est une maladie difficile à diagnostiquer, surtout si les médecins ne sont pas spécialement formés (en 2010, seul 45,7 % des généralistes interrogés déclarait avoir reçu un enseignement sur le saturnisme lors de leurs études médicales)
"dans une étude de 2010, seul 45,7 % des généralistes interrogés déclarait avoir reçu un enseignement sur le saturnisme lors de leurs études médicales"
L'enjeu de santé publique est donc important, notamment car le plomb est facteur de handicap mental, même à faible dose s'il contamine l'embryon ou le fœtus, et il affecte les capacités d'apprentissage de l'enfant (pour des plombémies aussi faibles que moins de 5 μg/dL; avec une perte de 0,46 points de QI par microgramme de plomb supplémentaire par décilitre de sang).
Le plomb induit des troubles systémiques qui, selon leur gravité et le moment de l'intoxication, seront réversibles (anémie, troubles digestifs…) ou irréversibles et éventuellement fatals (atteinte du système nerveux, stérilité, cancers, hypertension…)
Le saturnisme n'est pas transmissible au sens infectieux du terme, néanmoins une jeune femme qui a été significativement contaminée par le plomb (éventuellement des années avant, jusqu'à 20 ans plus tôt) transmet la maladie à son enfant in utero, le plomb franchissant aisément la barrière placentaire et transitant via l'allaitement.
"le plomb est facteur de handicap mental, même à faible dose s'il contamine l'embryon ou le fœtus, et il affecte les capacités d'apprentissage de l'enfant"
Parce qu’il est impensable de de rester dans l’ignorance, au risque de laisser faire un nouveau scandale sanitaire, l’association RSNE a décidé d’organiser une campagne de détection du plomb (plombémie), sur un petit échantillon d’enfants de la commune.
Nous recherchons donc des enfants âgés de 4 à 10 ans, nés à Carrières-sous-Poissy et scolarisés (ou ayant été scolarisés) dans un des établissements scolaires suivants :
École maternelle « Frédéric Mistral », école maternelle « Les Goéland », école maternelle « Du Parc » et école maternelle « Les Cygognes ».
Dans un premier temps nous privilégierons des profils cumulant les facteurs de risques (enfant portant fréquemment ses mains à la bouche lorsqu’il était bébé, résidant dans une maison avec jardin, consommant occasionnellement ou régulièrement des fruits et légumes du jardin...).
Si vous pensez que votre enfant correspond à ce profil et que vous souhaitez autoriser un prélèvement sanguin aux fins d’y détecter la présence de plomb, contacter l’association au 0643106338 ou envoyez-nous un mail à contact@rivesdeseine@gmail.com .
En attendant d’obtenir plus d’informations, nous vous rappelons quelques consignes permettant de réduire l’exposition au plomb :
- Lavage des mains fréquent, particulièrement avant les repas, et coupage des ongles courts ; - Donner aux enfants une alimentation riche en fer et en calcium ; - Laver régulièrement les jouets des enfants; - Nettoyer les chaussures et en changer en entrant dans les logements; - Procéder au nettoyage humide des sols et des meubles, plutôt que de passer l’aspirateur; - Procéder au nettoyage humide des rebords de fenêtres et des dallages à proximité des maisons; - Laver abondamment les fruits et légumes provenant des jardins proches du site industriel.Procéder au nettoyage et au retrait des racines à l’extérieur du logement pour éviter tout apport de terre à l’intérieur
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